Je ne crois ni à l'intérêt ni à la possibilité de sauver l'école telle qu'elle existe. Trop lourde, trop centralisée, trop d'objectifs différents. Son unité n'est qu'une façade lézardée. Elle est ingouvernable telle qu'elle est.

L'école est aujourd'hui dans la même situation que ces entreprises qui veulent contrôler des métiers différents et aux objectifs divergents. Ce fut la mode et a donné lieu à des 'conglomérats' dont bien peu survivent encore. Un même esprit, capable de bonnes décisions dans la fabrication des ordinateurs sera peut-être incompétent dans la fabrication du papier. Il en va de même entre l'Université et la maternelle ...

Deux axes de travail me paraissent prioritaires pour sortir l'Ecole de cet état de conglomérat dans lequel elle se trouve et qui la paralyse :

- La structurer par objectifs : maternelle (découvrir les autres et les gestes premiers), primaire (acquérir pour tous savoir de base et pensée pratique), secondaire commun (premier approfondissement du savoir et de l'usage de la pensée), secondaire spécialisé (
métier ou approfondissement généraliste), université1, 2, .etc.. sans oublier les écoles de métiers et les passerelles pour compenser les erreurs de choix.
Chacun de ces objectifs donnera lieu à un organe propre, indépendant, disposant d'une autorité sur son secteur, le choix de ses programmes, de ses collaborateurs et ayant son propre financement.

- Susciter et subventionner comme pour l'école publique, secteur par secteur, une concurrence privée en matière d'établissements, permettant, dans un cadre piloté par l'Etat, de faire repartir une innovation et des propositions nouvelles.

Il me semble d'ailleurs qu'à terme le rôle de l'Etat n'est pas de faire, mais de définir la stratégie, de mobiliser les moyens et d'assurer le contrôle.

Le succès évident des écoles privées et des grandes écoles nous rappelle sans cesse la valeur de l'innovation, du refus de la routine et la richesse que peut apporter la concurrence dans ce domaine de services, d'ailleurs aussi mondialisé que les autres (pour l'enseignement supérieur en particulier, voir par exemple le classement de Shanghai !).

Il me semble aussi que la France trouverait alors un nouvel outil de rayonnement en rendant à son éducation un prestige qu'elle a perdu. Existe-t-il, par exemple, un plus beau succès que les "Lycées Français" dans le monde ?

Multiplions-les dans tous les secteurs. C'est sur cette capacité à produire des services de qualité que se joue la survie de nos pays face aux nouveaux pays industrialisés. L'education n'est-elle pas une spécialité où nous pourrions exceller ?