Qu'un enfant reçoive et attende beaucoup de ceux qui l'éduquent est une évidence : savoir, sécurité, références éthiques, comportements sociaux, affection, etc.
Cela suffit-il ? Bien des parents ont déjà du mal à assurer ce service minimum...quand ils l'assurent. Combien d'ailleurs, lorsqu'ils en parlent, en ont mauvaise conscience.
En admettant que ce service d'apport à l'enfant soit rendu, il me semble pourtant qu'il manque à cette médaille un envers, au moins aussi important pour réussir cette éducation.
C'est l'attente qu'on manifeste à l'enfant, la demande qu'on lui fait d'accomplir quelque chose, d'être utile à lui même comme aux autres, de se défendre voire d'attaquer, de partager, de donner, d'aider, de protéger, de prendre, de conserver, de prévoir, en un mot d'être peu à peu le stratège et l'acteur de sa propre vie. N'est-ce pas à ce prix que se façonnera l'expérience de la responsabilité, de l'indépendance ?
D'ailleurs il est significatif de voir combien l'enfant apprécie qu'on lui demande quelque chose : il se sent estimé, utile, faisant partie du cercle. Il acquiert dans cette action son rang dans la tribu.
J'irais même plus loin : de parents qui ne demandent rien, quand bien même ils apportent tout, l'enfant se détournera un jour. Ce ne sera pas un reproche mais de l'indifférence, comme celle que l'on éprouve pour ceux avec qui on ne partage rien et qui, au fond, n'attendent rien de vous.
En un mot demander me parait aussi utile que donner.