Que diriez-vous d'une entreprise dont le Chiffre d'Affaires net est de 260, dont le déficit est de 138, dont la dette au bilan est de plus de 1500 et hors bilan de plus de 1000 ? Qu'elle va vers la faillite, quels que soient les actifs qu'elle peut encore vendre.
Quand vous ajoutez au financement de ce déficit le refinancement des dettes antérieures, c'est environ 450 qu'elle va demander par an au marché financier, soit une fois et demi son C. A.
Vous avez trouvé ? Il s'agit de milliards d'Euros et cette entreprise, c'est la France.
Ajoutez que cette dette de 1500 ne crée qu'une charge financière de 38, parce que les taux (environ 2.5 %) sont faibles. 1 % de plus et c'est 15 à ajouter au déficit, quelque chose de l'ordre du déficit des comptes de Sécurité Sociale par an...
Cette situation est intenable. Ceux qui savent un peu compter le comprennent. Elle est aussi inacceptable pour deux raisons au moins :
- Nous consommons aujourd'hui et renvoyons cette dette aux générations suivantes.
- Nous faisons financer cette dette (pour 50% en France) par les pays extérieurs dont nous devenons les obligés, d'autant plus que l'Euro n'est pas une monnaie de réserve et ne le deviendra pas, en raison de sa construction artificielle et sans souveraineté politique.
Nous devons donc mettre un terme à l'accroissement de cette dette, pays par pays et quoi qu'en pense l'Europe qui n'a rien prévu ni rien proposé devant la crise actuelle à la mesure du problème. L'Allemagne n'attend pas que les commissions se réunissent, ni que le FMI lui donne des ordres, par exemple, ou que nous lui reprochions d'être keynesiannement incorrecte. Elle agit en réduisant ses dépenses. Mais son Etat a l'autorité pour le faire et son syndicalisme n'est pas idéologique. Ce sera plus difficile ailleurs, où la mesure du désastre a été minimisée ou même, cachée.
La solutions pour stopper cet accroissement de dette, si nous voulons l'honorer (la France s'est souvent dérobée dans le passé), est trop urgente pour relever de la croissance seule, ou même de l'inflation. Il faut arrêter l'hémorragie par la réduction des dépenses, même si cela chagrine Monsieur Keynes. Alors, une piste :
Il existe des dépenses utiles aux générations futures (éducation, infrastructure, industrie, sécurité, etc.) et des dépenses de consommation immédiate (fonctionnement de l'administration, santé, retraites, chômage, etc.) qui ne concernent pas les générations futures.
C'est sur ces dernières dépenses que doit porter l'effort immédiat. Les grands postes de déséquilibres sont bien connus (retraites, sécurité sociale, allocations de toutes natures, dépenses des administrations, etc.), sans que rien justifie ce déséquilibre. Pourquoi ne pas lancer un programme rapide de retour à l'équilibre, tout en réduisant arbitrairement, par exemple de 20%, ces postes de dépenses tant que l'équilibre n'est pas atteint ? L'incitation à trouver une solution deviendrait alors puissante...