Deux ensembles humains (appelons-les les pays W et Z) produisent l'un et l'autre le même produit, disons un téléphone portable. Ils ont deux monnaies, w et z, à parité au début de notre histoire (1 w = 1 z)
Ils sont aussi efficaces l'un que l'autre et produisent leurs téléphones pour un prix de revient de 100 (w ou z). Le marché les achète à 120. Ils sont heureux et font un aimable bénéfice de 20 par téléphone vendu (20 w chez W et 20 z chez Z).
10 ans plus tard, W, très dynamique, a réussi à réduire son prix de revient à 50 w. Le marché en profite aussi, et achète à 60 w. Pour W, le bénéfice reste aussi bon en valeur relative et tout va bien. Mais Z n'est pas aussi dynamique. Il s'endort et se paye de mots (cela arrive dans les vieux pays ...). Sa productivité (dont il se vante !) a un peu augmenté, mais ne lui permet pas de produire ce téléphone à mieux que 65 z seulement.
Deux familles de scénarios sont alors possibles :
1 - Si la monnaie peut encore jouer son rôle, Z peut s'en sortir avec une petite dévaluation. Pour ramener son prix de revient au niveau du marché (que W domine par son offre à bas prix !) il va dévaluer le z de 50/65 et le ramener ainsi à 1 z = 0.77 w. Alors, son téléphone (qui lui revient à 65 z) lui revient dans l'autre monnaie à 50 w. Il peut être vendu sur le marché à 60 w (soit 78 z), comme la concurrence. Z continue alors à faire un bénéfice de 78-65= 13 z et peut ainsi continuer à fabriquer et à vendre son produit. La dévaluation aura pour effet de rendre son pays un peu moins riche ; mais, s'il a du courage, la punition n'étant pas mortelle, il remontera peut-être la pente. C'est ce qu'a fait la France dans la seconde moitié du XX ème siècle, prenant sur la génération qui dévaluait l'impact de ses erreurs économiques.
2 - Si Z est dans une zone monétaire, appelons-la l'EURO, par exemple, il ne peut plus dévaluer et 1 z reste égal à 1 w. Que se passe-t-il quand le marché achète 60 un produit qui coûte 65 à fabriquer ? Devinez, c'est facile : la production s'arrête. La sanction est mortelle car Z sort du marché. Y rentrer sera bien plus difficile qu'avoir fait l'effort d'y rester. La situation est donc pratiquement sans espoir en situation de frontières ouvertes. Le pays Z va s'enfoncer, recevra des aides et subventions, fabriquera des chômeurs et suscitera compassion et discours. Il aurait mieux valu le laisser travailler, non ?
Voilà l'Europe, voilà l'EURO. Vous comprendrez, si vous m'avez suivi, pourquoi je pense que l'EURO est une machine à broyer ceux qui ne suivent pas le rythme des meilleurs, en particulier dans les secteurs des technologies nouvelles où la productivité croit de manière exponentielle.
L'Europe/Euro va voir peu à peu émerger des zones d'efficacité et de richesse et des zones de misère.
L'EURO est un carcan technocratique ségrégationniste. Il faut en sortir.